• Breien Bärd

     

    L’art de la pensée négative

    Kunsten a tenke negativt

    est un opus magnifique qui remet effectivement en mémoire le style “nordique” de présentation d’un récit, cette fulgurance évidente du mensonge ordinaire qui est bien sûr ici la pensée positive commerciale et spectaculaire, redoublée du réel du sujet diminué par les accidents de la vie, et nous assistons à la substitution d’un thérapeute empathique et autoritaire à un thérapeute nihiliste et profondément affectueux, la laideur ordinaire du monde trouve ici une couleur remarquable, celle non pas de l’amour chrétien mais celui du réel des êtres, bref , à quelques détails près, nous sommes prêt à suivre les autres opus de Breien, très Lars il est vrai


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    enfin en version nouveau format ou presque cette oeuvrette largement médiatisée qui invite de facto à demeurer enfermer dans sa cuisine à attendre que la faucheuse, ou au contraire, ce qui serait après tout un message du film, débrancher définitivement les machines, ce qui est une autre façon d’attendre la même chose d’une autre façon, sinon que nous raconte cette longue histoire, qu’il y a un peuple bleu en symbiose avec la nature qui doit lutter contre les vilains terriens  capitalistes qui n’ont plus que leurs armes pour défendre leur point de vue destructeur, oeuvre donc écolo-capitaliste plein de bonne morale, il y avait moyen pourtant de développer un univers réel , même en gardant le script poussif, un univers fondé sur autre chose que le fric ou la religion


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  • Claude Dorgeuille

     

    Je suis toujours redevable à Claude Dorgeuille d’un article à propos de la musique et la voix, depuis ce temps lointain où il avait bien voulu nous accompagner lors d’un colloque local médocain. L’exploration des éclats de l’objet @ nous amenait sur un terrain vis à vis duquel je manquais lourdement d’instruments conceptuels et pratiques. Claude est venu apporter son savoir et sa passion. Une fois que nous avons pu localiser à Bordeaux l’orgue adéquat à son dessein, il est venu s’installer quelques jours à peu de pas pour pouvoir , chaque jour, s’exercer à visée d’un concert qui vint ponctuer le colloque. Je crois pouvoir rajouter que ce fut , pour lui, un moment très heureux. Depuis les concepts necessaires pour traiter de ces questions demeurent, pour moi, dans un champ distant, pas très éloigné d’ailleurs des difficultés de dialogue avec un mathématicien des affaires de topologie. Il ne s’agit malheureusement pas de psychanalyse appliquée. J’ai renoncé à l’époque à triturer cela au delà des actes publiés dans le discours psychanalytique et d’essais réguliers mais insatisfaisants. On peut imaginer que Claude Dorgeuille, avec son érudition et sa formidable puissance de travail, a bien dû laisser plus d’une note qui permettrait de s’y retrouver un peu. Espérons que l’Association lacanienne saura rendre hommage de manière dynamique à son oeuvre trop discrète puisqu’au service du texte . Il ne suffit pas de dire (et pourtant c’est un point sans détour) que sans Claude Dorgeuille, point d’AF, ni d’ALI, ni de publications, ni d’établissement du séminaire de Lacan. Au delà il y a le lent labeur qui permet de forger un concept opératoire, au delà des effets de manche intramondain. Je ne peux que noter un souhait dont je n’ai aucun moyen d’assurer quelque réalisation. C’est toujours la question des horribles travailleurs de l’horizon, mais je ne vois pas grand chose, juste ce souvenir donc d’un croisement sur son propre chemin obscur, une indication puisque Charles Melman nous met en lumière et sa peine partagée et la vertu socratique d’une fin. 


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  • La ligne rouge

     

    Il sera question d’une traversée initiatique hélas, alors que le décalage entre le réel de la guerre immergée dans l’indifférente nature et des voix perdues dans leur monologue  intérieur livrait une certaine présence fantomatique à l’événement mais le camera tourne au delà et se perd dans une sorte de fusion avec le Tout, qui vire au cauchemar pour le spectateur, auquel on impose et l’infidèle et le suicide héroïque et l’indigène préservé entre les combattants et les belles images gratuites 

    Vous êtes à nouveau dans un vide de représentation, la gratuité des gestes auquel on va opposer un blabla autour d’objets dérisoires, blabla qui justifie tout, le roy est nu et sans pouvoir symbolique 

    Il y a comme une vibration qui monte de ce corps entrevu cette émotion tactile à la limite des larmes, croisement improbable défunt

    Ce serait ça le véritable défit de la représentation, la micro clinique qui tient toujours au défaut du signifiant à se mettre en chaîne, l’impression néologicale qui ne fait signe de rien, sauf un gouffre où l'imaginaire apparaît comme impuissant à contenir l’horreur  

    A ce titre on mesure l'infinie distance avec une modernité bavarde et une psychanalyse qui dogmatise autour du creux, sans y aller voir comme les maladroits de l’origine 


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  • Asghar Farhadi

     

    une séparation marque l’existence paradoxale d’un cinema iranien de résistance calme, camera fluide, cadrage déviant, nous sommes dans l’épure du cinema réaliste et donc d’une vision du détail, rien ne signale l’emprise locale autrement que l’ordinaire de la bêtise administrative mais tout contribue à détruire tout le monde , le référent de la Vérité absolue, et donc des interdits religieux vient introduire un mélange de paranoïa et de naïveté, et on ne saurait dire quel est le pire de ces personnages, le mari menteur, le vieux père, la fille, la mère, la servante, son mari, leur enfant, chacun surveille chacun de manière impitoyable, une modernité absolue d’un bout à l’autre de la planète, ce à travers un lion d’or qui ne régle rien, reprendre à ce propos le cinema dans l’espace totalitaire, et l’autre cinéma qui serait libre en fait de produire de l’objet marchand, et à travers ça toujours Godard


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