• Mùi dudù xanh

     

    l’odeur de la papaye verte est un film de 19993 de Tran Anh Hung dont le moins qu’on puisse dire est qu’il ne fait pas dans le narratif, trame très fine de la vie d’une jeune fille qui de servante devient la compagne d’un musicien, à travers les vicissitudes ordinaires de sa condition, le film ne tient qu’avec une série d’images parfaites qui embarquent dans un monde si distinct de ce qui est notre semblant, une sensualité permanente module une jouissance de l’être perturbée par des réactions ordinaires là aussi de réactivité aux croisements de route, demeurer dans cet espace temps suppose un abandon dont l’occidental est incapable, lui qui veut saisir les sensations et ne fait que les perdre comme sable entre les doigts


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  • ma part du gâteau

     

    sous ce titre plutôt français se cache un petit opus qui hésite entre la comédie et le pamphlet politique, avec ce choix par Cédric Klapisch d’un duo assez savoureux Karin Viard et Gilles Lellouche, l’idée de faire rencontrer ainsi un dealer de la finance et une ouvrière licenciée indirectement par des magouilles financières pouvait illustrer ce réel politique actuel, mais les moyens sont ici réduits à cette fleurette courageuse où un happy end aurait pu se substituer sans grand dommage à ce semi lynchage du dit trader et une attaque populaire contre les forces dites de l’ordre, on pourrait même jusqu’à penser que cette façon légère de traiter du réel est un opérateur de vulgarité qui aurait fait gueuler le cher Vertov, mais nous sommes dans la réussite du Reich de mille ans, alors...

    http://www.youtube.com/watch?v=TZFhc9hU5sk

    "Une journée de la vie d’une ville (Odessa, en l’occurrence)" ou "Je suis un œil / Un œil mécanique / Moi, c'est-à-dire la machine, je suis la machine qui vous montre le monde comme elle seule peut le voir / Désormais je serais libéré de l'immobilité humaine / Je suis en perpétuel mouvement / Je m'approche des choses, je m'en éloigne / Je me glisse sous elles, j'entre en elles / Je me déplace vers le mufle du cheval de course / Je traverse les foules à toute vitesse, je précède les soldats à l'assaut, je décolle avec les aéroplanes, je me renverse sur le dos, je tombe et me relève en même temps que les corps tombent et se relèvent…Voilà ce que je suis, une machine tournant avec des manœuvres chaotiques, enregistrant les mouvements les uns derrière les autres les assemblant en fatras. Libérée des frontières du temps et de l'espace, j'organise comme je le souhaite chaque point de l'univers. Ma voie, est celle d'une nouvelle conception du monde. Je vous fais découvrir le monde que vous ne connaissez pas."


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  • les miserables

     

    Claude Aziza essaie de nous présenter en deux heures la question présentation des misérables à l’écran et puisqu’il se veut total, des séquences d’images diverses viennent nous raconter en désordre finalement surtout l’histoire alors qu’à priori une seule séquence reprise d’auteur en auteur aurait fait mieux l’affaire, l’encyclopédisme est toujours quelque chose d’épuisant dans le fond, et finalement la cinéphilie est une chose trop sérieuse pour être livrée aux universitaires... bref quand le film de Raymond Bernard démarre, nous sommes déjà assez saturé de ce désordre qui se veut ordonné, et les moments obligés de cette histoire de conte moral se développe ici avec une lenteur digue d’un méticulosité certaine, comme s’il ne fallait pas justement traiter ce récit comme un récit commun et connu, mais bon Harry Baur est sensé nous faire passer ces images convenues, cadrages presque comiques, visages expressionnistes, d’ailleurs ce qui se forme est en fait un collage de diverses histoires, certainement pas du social, pourtant l’époque s’y prêtait aussitôt, mais des tensions homosexuelles (entre Jeanvaljean et le prêtre, la mourante et la religieuse), avant bien sûr les grandes scènes de pédophilie, avec Cendrillon dans le rôle titre, l’ogre et les autres, Hugo recycle bien sûr à grands traits et on se demanderait pourquoi il faut absolument retourner ce truc aussi souvent, il faut croire que cela plait au bon peuple, le pathos socio-moral. Bien qu’il s’agisse aussi sans doute de la tentative de recouvrement de la question de la foule que Hugo traite comme celui de la peine de mort, sujet subversif puisque l’indétermination de la révolte du peuple peut virer certes à la terreur des puissants tout comme à sa récupération par l’ordre noir ; Hugo tente de rassembler en un seul texte tout ce qui grouille dans cette société rendue obscure par les guerres napoléoniennes et l’organisation des puissances d’argent.Ne peut-on craindre qu’un Hugo ainsi plus réaliste serait trop subversif. Il faudrait joindre à une lecture du texte, bien sûr le texte de Derrida sur la peine de mort e ce qui Benjamin raconte de la foule. Einsenstein à la camera?


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  • Le roi et l’oiseau

     

    Il est dommage que Jean Pierre Pagliano n’est pas été à même de restituer le contexte de production de ce film , en se perdant dans de petites histoires, oubliant la matière du film et l’analyse nécessaire du travail de Prévert pour déniaiser Andersen . Après tout cette histoire qui survit après de longues péripéties de production, de montage, de survie de pellicule est aussi, à sa manière une oeuvre de mémoire, avant tout du groupe Octobre qui réunissait Prévert, Bussières, Sylvia Bataille, Grimault, Barrault, Allégret, Mouloudji, ... et qui a disparu autour de la question de la guerre d’Espagne, le souvenir de l’agit-prop et de Piscator. C’est de cette ombre du possible qui vient au moins de la Commune jusqu’à 68 qu’est chargée la mémoire de ce film qui sait merveilleusement assurer des transitions entre image et texte, nous embarquant jusqu’au coeur de l’insoutenable comme dans un conte de fée qui serait réel. « La continuité du récit procède moins des articulations de l’intrigue que de subtils enchaînements poétiques où se retrouvent par l’image, les thèmes et la manière de Prévert. (…) A l’univers du Roi méchant, à son palais truqué, à la ville de marbre somptueuse et vide comme un tableau de Chirico, s’opposent les quartiers souterrains où le soleil ne pénètre jamais mais où chante l’aveugle qui croit à la lumière. » écrit Bazin. le roi et l’oiseau remplacent la bergère et le ramoneur, bergère dont l’intérêt est qu’elle élève des moutons perdus et que cela met en appétit les gardiens de la peur du monde souterrain de Métropolis où il y a ce musicien aveugle qui chante la lumière malgré l’ordre du roi, le travail rend libre.L’oiseau qui est un double de Brasseur incarne ce formidable optimisme de l’humour, non sans livrer tout autant une ambivalence redoutable des sentiments.Le roi Charles V et III font VIII et VIII font XVIIl est ridicule comme son double amoureux doté d’un autre avatar le robot destructeur,au final humain, la cage est brisée définitivement. Il est possible que l’on ne puisse plus entendre ce film puisque nous ne sommes plus dans l’annonce, c’est arrivée, ce jour même Fukushima est toujours limite hors contrôle. Aussi la matérialité du tyran entouré de policiers qui passent facilement à la trappe d’Ubu n’est plus nécessaire, chacun étant devenu roi de son royaume virtuel, fasciné par sa propre image à l’infini.« Allo ! Allo ! Forte récompense ! Une charmante bergère et un petit ramoneur de rien du tout…de rien du tout…sont recherchés par la police de Sa Majesté  » tous terroristes il est vrai comme les marins de Greenpeace


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  • le loup de wall street

     

    il suffit de jeter un oeil sur une critique bien à la mesure de l’orchestre médiatique où tout le monde baigne pour avoir une idée assez juste sur cet opus sans fin, il ne s’agit bien sûr pas de diminuer la performance d’acteur, l’énergie de la caméra... mais le propos d’un réalisme servile à la machine épuise une attention indifférente à ce qui court sur l’écran, une fois de plus il s’agit de s’identifier à un personnage vulgaire , sans scrupule avec cette vague admiration devant tant d’efficacité dans le vol à grande échelle dans une sphère financière elle même parfaitement amorale et totalitaire, quelque chose de pas très nouveau dans le fond qui se garde bien de remettre en cause le système puisqu’il y a toujours le bon cow boy qui limite la casse, ce qui nous est décrit est une sorte d’idéal humain pris dans une excitation sans borne où se mélange chiffres virtuels, tromperie, drogue et sexe, c’est après tout toujours le héros moderne autour de quelques variantes psychotiques, car il semble malgré tout évident que le rêve de chacun demeure une opulence aculturelle tendue par une jouissance addictive qui a trouvé l’objet adéquat parfaitement disjoint de toute réalité, cette obscénité redondante nie bien sûr tout ce qui en est le socle , l’effacement du vivant, massacres et misère

    Ces trois heures épuisantes et profuses signent l’accomplissement de ce qui travaille en profondeur les derniers films de Scorsese depuis "Les Infiltrés" : la fabrique d’images doubles, un pied dans la virtuosité et le brillant des images, les figures du genre et la reconduction des courants de son œuvre, l’autre dans une révélation (presque une convocation) d’un envers chaotique, informe et monstrueux.

    les grandes scènes du "Loup" (...) sont d’ores et déjà des morceaux d’anthologie. (...) Un nouveau portrait scorsésien entropique de l’ascension et la chute d’une crapule séduisante guidée par le seul aveuglement de ses instincts avides.

    Peut-on se passionner pendant trois heures pour un bouffon doublé d'une ordure ? Le nouveau film de Martin Scorsese nous apprend que oui.

    Manquant singulièrement de distance par rapport à son sujet, Martin Scorsese semble se complaire sans parvenir à dénoncer. La surenchère à laquelle il s’astreint mène droit à l’ennui et finit même par nuire à une série de scènes dialoguées, à forte tonalité tarantinesque.

    Les comportements d'une bande de crétins intéressés exclusivement par eux-mêmes (...), le temps paraît long. Il permet de mesurer le gouffre qui sépare un cinéaste inventif et passionné du décalque de lui-même qu'il est devenu.

    Le "Loup de Wall Street", c'est "Casino" passé à la moulinette fadasse de la petite forme télévisuelle (...) 170 minutes d'indigence.


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