• shock corridor

     

    le film de Fuller sort en 1963, le récit linéaire raconte la chute d’un journaliste dans la folie, au départ il simule puis sous l’influence du milieu le devient, il veut savoir une vérité et cette vérité le tue, nous ne sommes pas dans un espace psychologique  parce que ces fous hallucinés sont des sortes de simulacres, de monomanies, l’un chanteur d’opéra, l’autre général sudiste, on entre là dedans très facilement, il suffit qu’une femme qui se dise sa soeur accuse l’homme d’inceste pour que le bon docteur s’occupe de lui, est folie tout ce qui n’est pas la norme de ce docteur qui reconnait in fine que son traitement peut rendre fou tout sujet sain, hors cette enquête de vérité dans des mémoires délirantes se ponctuent une série de scènes à la limite du comique, les hallucinations sont des séquences en couleur, le journaliste se retrouve dans une salle pleine de nymphomanes qui risquent de lui faire subir un destin bacchique, le couloir de circulation est un collage de personnages immergés dans leur singularité menaçante, la folie est comme une peste, bref nous sommes en Amérique et Fuller métaphorise ce monde déchaîné. Une des dernières scènes du film est celle où Barett, victime d'hallucinations, voit la pluie d'un violent orage inonder le couloir et la foudre le frapper. Cette séquence apocalyptique impliquait la destruction des décors. C'était aussi pour Fuller un moyen de s'assurer qu'on ne lui ferait pas retourner quelques scènes pour modifier son film. Les trois témoins du meurtre sont des victimes du système, Stuart a eu un lavage de cerveau par les communistes en Corée, Trent est un noir raciste du KKK, Boden est un savant atomiste rendu fou par l’horreur de ses découvertes

    après tout ce film raconte bien le monde, celui que rapporte le docteur Mukwege dans notre présent d’Afrique et le retour de la figure de Florence Rey dans les extrêmes d’un monde qui n’a jamais muté que du côté du pire, avec ce fantôme livide qui ramène avec lui l’amnésie politique sans trop savoir ce qu’il raconte.


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  • 1954 : Les Sept Samouraïs ( Shichinin no samurai)

    Film admirable , certes un peu expressionniste mais cela finalement se moule bien avec l’air Japon ancien, force du rythme dans la préparation rituelle et sociologique du combat, la bleuette sentimentale heureusement ramenée in fine à la différence de natures et le jeu excessif du faux samourai, tout ceci constitue aussi des poses dans une progression où les paysans craintifs deviennent tueurs, (le point de bascule est sans doute l’attaque préventive du camp des bandits où le paysan retrouve sa femme captive sans doute volontaire qui finit dans les flammes) vers l’ultime combat où la caméra sait produire la déflagration des corps, entre ceux qui défendent et les bandits ombres anonymes; les ombres des samourais sur la butte soulignent le vain combat des êtres face aux forces très einsenstein des masses paysannes au travail

     

    à ceci se rajoute la longueur du tournage, presque un an, les difficultés matérielles mais surtout la méticulosité exigeante du maître qui veut la lumière où il faut, le temps qu’il faut, tel village pour tel plan, bref on est encore dans le temps béni où tout ceci est encore possible, le temps des mille figurants qui ne sont pas numérisés, Catherine Cadou intervient là dessus pour éclairer surtout son travail de traductrice, le reste demeurant hors analyse de film, retenons l’impossible prévisible de la traduction puisque par exemple les idéogrammes cheval et chien accolés feront idiot, ce qui peut se jouer dans un repas sans pouvoir transmettre le rire spontané


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  • Seven chances

     

    Stephane Goudet introduit avec fièvre cet opus sans cesse indiqué comme génial et sans doute que le démontage des séquences de début permet de situer de manière plus précise le génie en acte, pris d’ailleurs dans la machinerie des studios. Il est indéniable qu’il y a là prouesse de construction hardie et cette réflexion sur le démontage du temps est bien un thème incessant dans cette course à l’amour argenté. Certes il y a de nombreux effets comiques mais il est non moins évident que tout ceci n’est guère drôle et que ce personnage pris dans cette corse folle, poursuivi par une armée de femmes mariables est tout sauf un personnage comique; au contraire c’est bien d’un sujet métaphysique dont il s’agit, un peu à la manière de Beckett. La rencontre de ce sujet avec un réel parfaitement déchaîné pourrait faire penser à de terribles dévoilements dès lors que le factice du montage ordinaire ne tient plus. Keaton est sans doute aidé parce qu’il part d’une pièce parfaitement stupide et qu’il n’a à défendre que l’impossibilité justement de pouvoir soutenir une telle histoire. Et s’il y a quelque comique c’est justement au seuil de cet impossible qui comprend déplacement instantané au programme.


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  • Passion

     

    Passion est un film germano-français réalisé par Brian De Palma en 2012 sorti en salles en 2013. Il s'agit du remake du film français Crime d'amour, dernier film d'Alain Corneau, sorti en 2010, il s’agit donc à nouveau d’un remake, on prend la même histoire et on décline, cette fois le cycle de reproduction est court, sans doute que tout s’accélère, on inverse la couleur des filles, et on s’enfonce dans cette histoire, domination, homosexualité, utilisation du travail à des fins érotiques, répétition, le meurtre dans la logique d’une montée de plaisir puisqu’après tout l’assassinat lui même est pris dans une séquence érotique, semblant et faux semblant, faux troubles de la conscience et mélange onirique et hallucinatoire, in fine si après tout la meurtrière sera arrêtée, après un second meurtre en miroir d’ailleurs, il n’est pas certain que tout ceci soit vrai, que le meurtre ait réellement eu lieu, ce qui demeure est une montée en puissance justement du bornage du fantasme dont la réalisation a toujours un pôle paranoïaque et un pôle schizoïde, la traversée pratique est toujours au prix d’un éclatement du moi, ce qui d’ailleurs est bien un fait de structure, et une leçon de cinéma, le fantastique est ce point où justement le réel est insupportable, il faudrait poursuivre là dessus, ce point où l’image est de pure propagande ou non, il est évident que De Palma ne nous étonne qu’à moitié d’autant que Rachel McAdams demeure un peu doucâtre pour une Noomi Rapace dont le jeu figé ne traduit guère la complexité supposée de sa position.


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  • nick of time

     

    Le sujet redondant est toujours celui du complot des méchants contre le leader éclairé, ici on échappe pas à la règle, cette fois c’est une femme gouverneur qui ne réalise pas ce que ses commanditaires pouvaient attendre, le complot est total puisqu’il implique et les services de sécurité et son époux, les tueurs , on ne sait pourquoi, veulent une main innocente qui ne pourra que tuer cette femme pour sauver sa fille captive, le héros est sur le point de se résoudre à le faire quand il croise le vétéran au coeur pur et à la jambe de bois qui va l’aider grâce au réseau des petites gens de l’hôtel où se passent les conférences électorales, ce triomphe du modeste honnête face aux puissants sans scrupules fait du bien au coeur; heureusement que les acteurs ne se débrouillent pas trop mal dans ce scénario invraisemblable, er ce en temps réel ce qui donne un style assez spécial à cette affaire


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