• En atendant

     

    l’opus de Anne Teresa de Keersmaeker n’est guère facile pour un spectateur lambda, le lieu inadéquat malgré un plateau dénudé , la musique de l’Ars Subtilior, une gestuelle souvent sèche et minimaliste, l’attaque à la flute essoufflée répondant à la danse crépusculaire de l’homme nu à la fin, lenteur, immobilité, faible séquence répétitive de marche coupée de recul ou de chute arrière, parfois les figures de groupe vont se figer en tableau vivant, presque une danse qui ne dure pas, l’énergie tendue vire à une dislocation des corps, l’idée soufflée par le contexte musical que notre peste noire vient de passer, mais nous ne percevons pas les cadavres, nous comme cadavre, l’insupportable converge avec cette absence de séduction facile, la rupture même avec l’hypnose liturgique, nous sommes à l’autre pôle du signifiant insu, avec la quantique il y a aussi sa portance, le silence sur la musique justement, 

    en attendant

    il me faut endurer de pénibles tourments

    et vivre languissant

     la moitié de l’Europe morte

    et l’art porteur de cette horreur qui ne cesse de revenir d’ailleurs se livre au maniérisme

    Annelles Van Gramberen chante Filippo da Caserta


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  • Mississipi Burning

     

    Alan Parker signe en 1988 un opus pour des années 60 avec Gene Hackman, Willem Dafoe et Francs McDormand qu’il suffit de comparer avec le dernier Tarantino pour mesurer une variante du temps , nous sommes encore dans l’idée d’une lecture objective voire politique du sud, mais nous sommes aux USA et les héros sont positifs en particulier les agents du FBI qui chercheraient la vérité contre une bande de primitifs dont la forme s’arrête dès qu’il n’y a plus de coton à l’horizon, il demeure que le film est efficace, qu’il ne lache pas le spectateur dans ce monde de violence primitive où la justice est impuissante face à une maffia locale , le noir est massacré, pieux, silencieux, le blanc primaire, violent, borné, le western toujours, mais les nuits sont superbes, les cadrages très inventifs, la question demeure


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  • Los alantes Pasajeros

     

    Après la piel que habito on pouvait espérer autre chose d’Almodovar, pourquoi pas une comédie mais ici rien, des personnages dans un huit clos fantaisiste sont sensés jouer leurs derniers instants entre la peur , l’aveu et le dérisoire, mais ici rien , pas de rythme, un humour sans effet, tout est figé, on attend l’instant d’après et il ne se passe toujours rien, pourtant même tels quels tous ces personnages auraient pu franchement délirer dans cet avion qui ressemble certes au capitalisme finissant, on ne croit au théatre ce soir sans aucun texte, l’invasion de la cabine du pilote, la danse des stewards... quelques amorces et tout retombe, y compris les coups de fil avec le sol qui font surgir là encore la supposition de personnages. Le spectacle est fini.


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  • the help

    la couleur des sentiments

     

    voilà un bien joli conte plein à craquer de critique sociale soft et de générosité à tout craint que même la méchante elle est vraiment nulle, ici pas de violence directe mais l’humiliation régulière de femmes noires domestiques sans peur et sans reproche et un paquet de femmes blanches parfaitement stupides et superficielles qui ne savent pas vraiment ce qu’elles pensent sauf l’intello du groupe qui joue sur fond de Luther King et la paumée qui rate tout et qui semble ne pas comprendre même le mot racisme, la lumière est celle de la Louisiane lorsqu’il s’agit d’évoquer l’enfance où la mère est justement noire puisque la vraie a trop à faire, donc tout ceci est très américain, il n’y a presque pas d’hommes d’ailleurs, tout tourne de fait autour de l’humiliation scatologique,par ailleurs  il n’y a bien sûr pas de raison de ne pas se laisser porter par l’affect très fort de certains scènes même si c’est à travers ça que le sujet se noie dans l’irréel


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  • the fog

     

    le film de 80 vaut toujours par la musique de Carpenter qui pose au brouillard son contexte même si les apparitions virent de )plus en plus au grotesque alors que l’idée d’êtres saisis par le fond des océans avec cette éternisation du temps avait une portée suréelle qui aurait donné au film une puissance bien plus grande s’il ne fallait pas y mêler des monstres pirates; l’inspiration du côté de Poe et de Lovecraft en eut gagné en puissance, d’autant que cela se passe à Bodega Bay la ville des Oiseaux. Le retour monstrueux du refoulé est un thème qui aurait pu se dispenser de l’essentiel du visuel pour rester au niveau de ce sentiment de culpabilité qui viendrait peu à peu recouvrir la bonne satisfaction de l’urbanité américaine. Bien sûr les acteurs sont aussi d’un casting soigné, Adrienne Barbeau, Jamie Lee Custis, Tom Atkins, Janet Leigh. C’est aussi un très vaste chapitre qui fait remonter la peur loin du guignol et de la complaisance morbide comme la télévision reality patauge depuis toujours.

    http://www.youtube.com/watch?v=Y2o1-_E4PRA


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