• Portier de nuit

     

    la question ouverte par le film de Liliana Cavani demeure, est-ce un film de propagande ? il y a une réelle ambiguïté dans cette histoire de passion morbide, et en même temps un réalisme autrichien indéniable et très actuel, car au delà de l’histoire, un ancien ss retrouve une ancienne victime-complice qui a survécu au camp et se trouve dans une position sociale rétablie, celle-ci ne peut résister à l’appel de l’ombre de sorte qu’elle constitue un témoin qui menace la sécurité de sa taupe et des autres nazis nettoyés, ils s’enferment dans un local nocturne, privé de nourriture, ils finissent par sortir en grande tenue, lui en ss , elle en petite fille et se font descendre sur un pont, le film ne se contente pas d’évocation actuelle mais sans cesse nous ramène dans le camp, plutôt dans une sorte d’infirmerie expérimentale, la dimension extermination de masse se réduisant aux actions d’un sadique local, l’espèce de fascination du mal dont on a parlé pour ce film n’est pas exactement le sujet, il y a plutôt un clivage entre la danse de Rampling qui double celle d’un juif ss, le couple pathologique dans la logique de sa passion et enfin le refoulement de la shoah comme réel du monde phénoménal, il ne convient pas de réduire le film à la notion de porno nazi, il faut replacer aussi le travail de Cavani dans le contexte du déni de la guerre, de ses tentatives documentaires antérieures,»Interdit pour obscénité, vulgarité excessive des scènes montrant des rapports sexuels, atteinte aux bonnes mœurs. Ce film, doublement pernicieux parce que réalisé par une femme, montre une scène ignoble où l’on voit l’interprète féminine prendre l’initiative dans les rapports amoureux» l’interdit porté sur le film semblait parfaitement se satisfaire par ailleurs du sujet, il faut reprendre ce film dans un contexte où travaille Visconti (les damnés), Pasolini ou Bertolucci ou Belocchio, nous ne sommes pas loin d’Helmut Berger en Marlène comme dans ce constat de la mise en scène et de l’espace sado-masochiste, bref le rapport du désir et du pouvoir, Dirk Bogarde glisse du servant de Losey à un double de cinéaste, il filme la déportée, il éclaire le danseur dans sa chambre, c’est dans ce mouvement de la lumière qu’il nous embarque, c’est en ce point que le film bascule dans ce qu’il voudrait dénoncer, mais il serait bien facile de venir ici boucler l’affaire sur une sorte de morale sauve


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  • Peggy Sue Got Married

     

    Le film de Coppola est assez étrange à surgir ainsi après Apocalypse New ou le Parrain, retour de 80 à 60, retour nostalgique à quelque chose d’une commune mémoire, l’Amérique de ces années là qui produira le Viet Nam et le Flower Power, ces années d’innocence forte que l’on retrouve aussi chez Gardel, avant que le plomb des post trente glorieuses viendra nous pousser vers l’intériorité religieuse , stupide, le chômage de masse et la vision pétrifiée des ombres de vie, enfin Peggy chercherait dans un coma à retrouver ce point où dans le passé le précipite la stupidité d’un chemin parmi d’autres toutes aussi stupides mais qui n’ont pas eu lieu, l’histoire relookée a cherché à faire consister le retour vers le futur dans le vraisemblable, Coppola ne s’intéresse pas à ça, juste un jeu de lumière, un rose des formes, et la pantomime des francs maçons mesure que tout cela est une farce comme la vie


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  • Les mille et une nuits

     

    Il semble de bon ton dans la critique de faire l’éloge du film de Gomes sous prétexte d’une sorte d’enquête sur la situation du Portugal, suite à l’action des tueurs en série que sont les organismes financiers qui en sont à raser la Grèce, socialistes français en tête.  Pourtant ce film aurait pu être tout autre chose si la métaphore avait été écrite, que le montage existe . Rien de tout cela, les séquences sociales assez redondantes, sont noyées au milieu de vagues histoires contées plutôt lourdes, guêpes chantier naval orientalisés lourdement. De là à supposer que la misère soit justement ce film. Et que la critique soit comme le reste de l’information une vaste mascarade entre le spectaculaire vulgaire et la réflexion   réactionnaire. le slogan étant l’imaginaire comme réponse aux dures réalités du monde, c’est tout dire! 


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  • No way out

     

    Roger Donaldson est un faiseur robotique qui agite un   Kevin Costner au jeu aussi peu expressif que possible, nous sommes dans une zone obscure qui, avec le temps, s’assombrit, car la guerre froide est loin avec cette histoire de sous marin géant furtif visible et ce final qui nous apprend que le faux espion est un vrai et que quand il se recherche lui même, que c’est pas lui,  et bien c’est lui, même si c’est pour une toute autre raison, qu’il a couché avec la maîtresse du ministre de la guerre, et que ce ministre l’a tué par jalousie, la fille bien sûr, alors qu’il est peut être amoureux d’elle, il faut dire qu’il a du mal avec l’assistant du ministre qui est amoureux du ministre, qui n’aimait donc pas la fille, mais c’est pas lui, l’assistant, qui a tué la fille, c’est le ministre qui a très peur du sénateur marchand d’armes, de la CIA, qui se doute de quelque chose, mais qui ne croit pas à l’histoire d’espion, c’est comme la lettre volée mais là il n’y a pas de lettre, ce qui est peut être le sens ultime de ce film qui nous présente en clou une fouille du pentagone telle qu’un nid d’espions pourrait y cultiver des tomates


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  • no

    no

     

    les nouvelles du jour célèbrent un accord qui réussirait à concilier flexibilité du travail et protection de l’emploi, le remboursement des manoeuvres financières continu à livrer espoir aux spéculateurs, comme quoi l’épisode Pinochet est bien révolu, il n’est pas forcément nécessaire d’assassiner Allende, il suffit de faire confiance à la démocratie, c’est après tout le sujet de ce très beau film qui joue d’un montage habile entre documentaire et fiction pour instituer la fusion de l’histoire dans la publicité, la démocratie se vend comme un feuilleton télévisé, à condition que les néo conservateurs aient déjà abandonné le dictateur qui a fait son temps, l’idée révolutionnaire, le champ culturel de la vérité ne résiste pas à l’arrangement avec la pub, l’analyse du spectacle est le spectacle achevé,ce combat de spots fait dériver l’histoire vers un idéal mièvre, le conformisme le plus ordinaire autour des objets inutiles et thanatiques de la consommation virtualisée, le couple Pinochet-Allende est perdu dans la mémoire, les tueurs sont toujours embusqués mais n’ont raison d’agir directement qu’à l’extrème d’un terrorisme où le religieux stupide a pris la place d’un communiste qui n’a pu mener qu’au pire, Larrain nous porte dans ces couleurs ternes qui font mémoire, notre mémoire effrayée devant ce temps gommé par le vide du temps, et après tout le personnage central porte ce mélange de lucidité et de désespoir qui a la couleur finale du système, la destruction molle du référent


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